Plaidoyer pour la circoncision

L’ampleur du problème
Il arrive malheureusement parfois que les mythes et les idées reçues aient la vie dure. La circoncision de par son aspect hautement tabou et controversé fait partie de ces mythes. Chez l’adulte, mais surtout chez le nouveau-né, l’acte de la circoncision est entouré d’un halo de préjugés, faux concepts, tabous de toutes sortes, obligeant parfois à se demander si tout est vraiment fondé.

Durant ma formation universitaire, puis lors de ma pratique en chirurgie et urologie, j’ai été confronté à quelques discussions préopératoires difficiles et parfois même incongrues avant d’intervenir dans le but d’effectuer une circoncision en raison d’un phimosis (rétrécissement inflammatoire ou cicatriciel de la peau du prépuce). En effet, même si le geste était justifié sur le plan médical, de nombreux patients émettaient quand même un doute quant à l’indication et le terme même de circoncision évoquait douleurs, tabous, avis contradictoires sur les aspects fonctionnels postopératoires et surtout sexuels. D’où l’importance d’informer et d’expliquer.

La polémique est encore plus prononcée lorsque l’on évoque la circoncision chez l’enfant/le nouveau-né. C’est donc dans ma profession de Mohel, et lors de la pratique de la circoncision rituelle ou socio-culturelle chez le nouveau-né et l’enfant, que j’ai été confronté à la plus forte réticence, parfois même de manière violente. Les voix s’élèvent: "Mais pourquoi toucher ce pauvre nourrisson?", "Laissons le droit à l’enfant de choisir plus tard quand il sera plus grand s’il veut être "mutilé" de la sorte?", "Qu’en sera-t-il de sa sexualité ou de l’image de son corps?", "Nous avons lu dans les forums sur internet qu’il s’agissait d’un acte barbare effectué dans des situations et conditions peu claires". La liste des doléances est encore longue.

Il est vrai que la circoncision du nouveau-né étant surtout effectué dans un contexte religieux et socio-culturel, on peut comprendre qu’elle entraine forcément un scepticisme certain de la part du grand public et parfois même du corps médical. Du fait, qu’à cet âge, la responsabilité de la vie de l’enfant et de ses choix appartient exclusivement à ses parents, il est donc important de les respecter mais surtout aussi de les rassurer, d’expliquer afin que leur choix puisse être le plus éclairé possible. Il est évident qu’au-delà de l’indication à pratiquer une circoncision (d’ordre médical ou religieux), il ne faut déroger en rien aux impératifs de santé et de sécurité pour l’enfant tant sur le plan médical que chirurgical (positionnement, asepsie, coagulation, soins et pansements). Concernant l’indication à l’acte lui-même il est intéressant de noter que de nombreuses études plaident nettement en faveur de la circoncision comme facteur protecteur, non seulement, contre différents types d’infection et surtout d’infections sexuellement transmissibles, mais également contre le cancer du pénis (réf. 1, 2, 3, 4).

Dans certains pays en voie de développement, la circoncision est même promue comme vaste programme de développement et de protection contre les Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) et surtout le SIDA à tel point que certains gouvernement préfèrent investir dans la formation de chirurgiens plutôt que de payer des traitements antiviraux (réf. 5, 6, 7).

L’on comprendra aisément qu’à partir du moment où l’acte est effectué par un professionnel reconnu et sérieux, et qui plus est, opérant dans des conditions de sécurité et d’asepsie rigoureuse, il sera important de relativiser l’acharnement que mettent certains à vouloir interdire, bannir, conspuer une méthode simple et efficace qui a fait ses preuves depuis des décennies dans le domaine médical et qui offre à des parents désireux de combler souvent leur désir le plus cher de voir accomplir sur leur enfant un acte chargé d’émotions et hautement symbolique.

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Références bibliographiques

1. Circumcision and sexually transmitted diseases. L S Cook, L A Koutsky, and K K Holmes Am J Public Health. 1994 February; 84(2): 197–201/ BJU INTERNATIONAL, Volume 83 Supplement 1, Pages 52-62, January 1999;
2. Does circumcision influence sexually transmitted diseases?: A literature review R.S. VAN HOWE
3. Circumcision HALVES the risk of STDs by reducing levels of bacteria that cause infections By Rachel Reilly Published: 04:00 GMT, 16 April 2013
4. http://www.dailymail.co.uk/health
5. Models to inform fast tracking voluntary medical male circumcision in HIV combination prevention Meeting report - December 2017
6. Voluntary medical male circumcision for HIV prevention in 14 priority countries in eastern and southern Africa Progress brief - August 2017
7. Circumcision: New Weapon Against AIDS? Circumcision Gives Men up to 60% HIV Protection; WHO, UNAIDS Urge Adult Surgery. By Daniel J. DeNoon From the WebMD Archives March 29, 2007